« Les traversées de la biodiversité et du climat » visent à sensibiliser les passagers du navire « A Galeotta » de la compagnie Corsica Linea, à travers différents ateliers lors de leur traversée nocturne de douze heures entre Marseille et la Corse. Aperçu de cette expérience qui allie voyage et sensibilisation à la protection de l’environnement.
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17h, dans la salle de réunion du navire. Une dizaine de personnes sont réunies : deux animateurs d’associations écologiques et des passagers qui viennent à peine de monter à bord pour la traversée nocturne qui les emmènera de Marseille jusqu’en Corse. Quelques kakémonos livrent des indices sur l’objet de ce rassemblement inhabituel. « Les traversées de la biodiversité et du climat », peut-on y lire. De quoi s’agit-il ? « C’est une campagne de sensibilisation inédite, par son ampleur et son format, qui a eu lieu en septembre 2024, puis qui se poursuivra de mai à août 2025 à bord du navire « A Galeotta » de la compagnie Corsica Linea, explique Lucie Junet, directrice des affaires publiques et institutionnelles chez Corsica Linea. Elle se déploie au total sur 44 traversées, touchant pas moins de 250 à 600 personnes par traversée, soit près de 4 400 passagers et cible des publics de tous âges. »
À la découverte de la biodiversité méditerranéenne
Parmi les thématiques abordées : la biodiversité méditerranéenne occupe, de loin, le devant de la scène. L’association corse Mare Vivu propose, par exemple, un jeu de pêche à la ligne pour sensibiliser aux réglementations de la pêche de loisirs en Méditerranée alors qu’elle fait face au développement sans précédent des secteurs de l’économie maritime et notamment de la surpêche. Le Centre permanent d’initiatives pour l’Environnement (CPIE) d’Ajaccio anime un jeu de plateau pour éveiller aux risques qui pèsent sur l’escargot de Corse, espèce endémique vivant uniquement sur la plage du Ricantu… Une manière de parler des fortes menaces qui pèsent sur la Méditerranée, récemment identifiée par le GIEC comme une région particulièrement exposée aux effets du dérèglement climatique, alors que le tourisme de masse continue de se développer ainsi que le trafic maritime mondial causant des collisions régulières avec les cétacés…
« Amener les passagers à réfléchir, à prendre conscience et à agir »
D’autres animations traitent de problématiques plus globales. C’est le cas des fresques sur le climat, également animées par le CPIE Côte Provençale ou de son jeu « La tour de la mobilité », sur les mobilités actives, par exemple. Des animations qui relèvent principalement du jeu ou d’ateliers de découverte. « Le but, c’est avant tout de sensibiliser les passagers, de les faire réfléchir, leur faire prendre conscience pour ensuite susciter un changement de comportement, indique Elise Cot, responsable du pôle sensibilisation des publics et accompagnement des territoires au sein de l’Atelier Bleu CPIE Côte Provençale. Et ce, quel que soit leur âge, même si, bien sûr, certains ateliers vont être plus adaptés à un public qu’un autre. D’autres formats d’animation sont également expérimentés, plus tournés vers l’action. » Le CPIE Bastia U Marinu, sollicite les participants pour imaginer des solutions efficaces et désirables pour réduire notre empreinte carbone lors d’un atelier d’intelligence collective.
Premiers retours d’expérience positifs
« Ce qui ressort des premières traversées, c’est que les participants ont plus de temps à consacrer à ces activités. Ils restent en moyenne 15 minutes sur les différents stands contre cinq minutes dans d’autres salons ou évènements » relève Élise Cot. C’est d’ailleurs ce qui avait donné l’idée de ces traversées à Solène Cusset, chargée de mission à l’Office français de la biodiversité. « Il n’y a pas internet sur les traversées, affirme-t-elle. Souvent, on s’ennuie. L’idée c’est d’aller chercher ce temps de cerveau disponible, pour l’écologie. » La disponibilité des passagers invite les animateurs à adapter le contenu de leurs propositions pour 2025 : « nous nous orientons vers des animations encore plus interactives et d’une durée de 20 minutes maximum. » Par ailleurs, la compagnie maritime songe à étendre l’espace d’intervention des associations à d’autres lieux du navire, comme le bar, par exemple, afin d’augmenter la plage horaire des animations de 17h à 21h (contre 17h à 19h aujourd’hui). Carton plein pour cette initiative issue d’un partenariat entre l’Office français de la biodiversité (OFB), l’ADEME et la compagnie Corsica Linea.